Les stratégies factorielles

Un facteur est une variable ou une caractéristique avec laquelle les rendements des actions sont corrélés. On peut le définir au sens large comme toute variable jugée utile pour classer les actions à des fins d’investissement.
Un large éventail de caractéristiques d’une action a été utilisé pour définir les «facteurs». Certains facteurs (le plus souvent, la taille, la valorisation, le momentum et la qualité) se sont révélés être associés positivement à une prime de rendement à long terme et sont souvent appelés « rewarded factors ». Mais des centaines d’autres facteurs ont été identifiés et sont utilisés dans la construction du portefeuille, mais il n’a pas été prouvé empiriquement qu’un grand nombre d’entre eux offraient une prime de rendement persistante, on les appelle « non-rewarded factors ».
D’une manière générale, une stratégie basée sur des facteurs vise à identifier les facteurs significatifs permettant de prédire les rendements futurs des actions et à constituer un portefeuille orienté vers ces facteurs. Certaines stratégies reposent sur un seul facteur, sont transparentes et maintiennent une exposition relativement stable à ce facteur avec un rééquilibrage régulier. D’autres stratégies reposent sur une sélection de plusieurs facteurs. Cependant, ces stratégies peuvent tenter de gérer le timing d’exposition à un facteur ou un autre, tout en reconnaissant que leur performance varie avec le temps.
Value
La « Value » est basée sur le concept de Graham et Dodd (1934) et peut être mesurée de différentes manières. La littérature scientifique documente depuis longtemps le phénomène « Value ». Basu (1977) a constaté que les actions à faible P / E ou à rendement élevé ont tendance à offrir des rendements plus élevés. Fama et French (1993) ont formellement décrit l’investissement « Value » en proposant le ratio Book-to-Market comme moyen de mesurer la « Value » et la croissance. Bien que de nombreux universitaires et praticiens estiment que les actions « Value » tendent à générer des rendements supérieurs, l’explication de cet effet a suscité un désaccord considérable. Fama et French (1992, 1993, 1996) ont suggéré que la prime de valeur existe pour indemniser les investisseurs pour la plus grande probabilité que ces sociétés connaissent des difficultés financières. Lakonishok, Shleifer et Vishny (1994) ont cité des arguments comportementaux, suggérant que l’effet résultait de biais comportementaux de la part de l’investisseur type plutôt que d’une compensation pour un risque plus élevé.
La « Value » peut être basée sur differents indicateurs de performance d’une entreprise, tels que les dividendes, les bénéfices, les flux de trésorerie, l’EBIT, l’EBITDA ou les ventes. Les investisseurs apportent deux corrections supplémentaires sur la plupart des facteurs de valorisation en ajustant des différences sectorielles (et / ou nationales) et historiques. La plupart des ratios de valorisation peuvent être calculés à l’aide de données historiques ou des projections futures.
Le Momentum du prix
Les académiciens ont constaté un effet momentum (dynamique) de prix important dans presque toutes les classes d’actifs dans la plupart des pays. En fait, la valorisation et le momentum des prix sont depuis longtemps les deux pierres angulaires de l’investissement quantitatif. Jegadeesh et Titman (1993) ont documenté pour la première fois que les actions «gagnantes» des 12 derniers mois ont tendance à surperformer les «perdantes» des 12 derniers mois, et que cette surperformance persiste de 2 à 12 mois. Les auteurs ont également constaté un effet de retournement à court terme, selon lequel les actions affichant un momentum très fort le mois précédent avaient tendance à se retourner au cours des 2 à 12 prochains mois.
Cette anomalie du momentum des prix est généralement attribuée à des biais comportementaux, tels qu’une réaction excessive à l’information. Le momentum des prix est toutefois soumis à un risque extrême, le « Momentum Crash ». Sur le marché américain, au cours de la période de trois mois allant de mars à mai 2009, la stratégie du momentum des prix (mesurée par le portefeuille long top 10% / short bottom 10%) a réalisé une perte de 56%.
Growth
La croissance est une autre approche d’investissement factoriel. Les facteurs de croissance visent à mesurer le potentiel de croissance d’une entreprise et peuvent être calculés en utilisant les taux de croissance historiques ou les taux de croissance prévisionnels de l’entreprise. Les facteurs de croissance peuvent également être classés en tant que croissance à court terme (croissance du dernier trimestre, année dernière, douze prochains mois etc.) et croissance à long terme (croissance des cinq dernières années ou des cinq prochaines années). Bien qu’une croissance supérieure à celle du marché ou supérieure à celle du secteur soit généralement considérée comme un indicateur possible de la performance future du cours des actions, la croissance de certains indicateurs, tels que les actifs, se traduit par une performance future plus faible du cours des actions.
Quality
Les investisseurs ont continué à créer des facteurs plus complexes basés sur la diversité des informations comptables disponibles pour les sociétés. L’exposé de Richard Sloan (1996) sur la qualité des résultats, qui propose le facteur ‘Accruals’ (non Cash), est l’un des exemples les plus connus de l’incidence de la qualité des comptes sur la performance des actions. Sloan suggère que les cours des actions ne reflètent pas pleinement les informations contenues dans la comptabilité dite ‘non cash’ et les flux de trésorerie comparé aux résultats.
Il existe de nombreux autres facteurs potentiels basés sur les données fondamentales d’une société, tels que la rentabilité, le risque de liquidité et de solvabilité, la qualité des bénéfices, la stabilité de la croissance, la pérennité du versement du dividende, l’utilisation du capital et l’efficacité du management.
Le Sentiment des Analystes
Un autre facteur, le sentiment des analystes, fait référence au phénomène des analystes financiers qui révisent leurs prévisions d’estimations des bénéfices des entreprises, appelées révision des bénéfices. Plus récemment, avec la disponibilité de plus de données, les analystes ont commencé à inclure les révisions de flux de trésorerie, les révisions de ventes, les révisions de ROE, les recommandations d’actions des analystes Sell Side et les variations de Target Price en tant que variables dans la catégorie «opinion des analystes».
Le « News Sentiment »
Un nouveau domaine de recherche implique de nouvelles idées. Plutôt que de simplement compter sur les recherches des analystes « Sell Side », les investisseurs pourraient utiliser des algorithmes de traitement du langage naturel (NLP) pour analyser le volume important de publications dans les médias et quantifier leur sentiment vis-à-vis des actions. Plusieurs sociétés Fintech utlisent nottament le flux Twitter pour mesurer le sentiment sur un titre.